CATHERINE LANG : LES BALLERINES BLEUES

Parlons d’abord des Ballerines bleues. Pouvez-vous le résumer en quelques phrases ?

Ce sont souvent les lecteurs qui parlent le mieux des livres, voici ce qu’en dit Plume d’Encre, une de mes fidèles lectrices :

« Pour le fond, on retrouve tous les ingrédients caractéristiques du genre polar : crime, suspects, fausses pistes et faux-semblants. C'est dans la forme que cet écrit diffère : l'auteur a en effet choisi la lettre comme moyen d'expression pour faire avancer son énigme pas à pas. On ne peut que saluer cette prise de risque, sortir des sentiers battus ne fait pas de mal. L'intrigue est prenante, les rouages bien huilés, rien n'est laissé au hasard jusqu'au twist final. On retrouvera ici la thématique du monstre "normal", chère à l'auteur. Tout dépend du côté de la société dans lequel on se trouve : le meurtre d'une jeune femme peut horrifier, réclamant d'être élucidé puis puni, alors que plane encore sur le Bassin d'Arcachon l'ombre des fantômes de milliers de tirailleurs sénégalais sacrifiés sans état d'âme au cours de la Première Guerre mondiale... Mais pas de jugement, pas de leçon de morale, seulement des faits qui nous confrontent au mal et nous interrogent, jusqu'au plus profond de nous-mêmes. »

Quelle a été votre source d’inspiration, l’évènement qui vous a poussé à écrire Les ballerines bleues ?

Mes sources d’inspiration sont multiples. Tout d’abord, je connais un peu le Sud-Ouest pour y avoir habité. J’avais écrit par ailleurs un texte où deux évènements se téléscopaient, un drame qui a secoué le monde il y a un peu plus de dix ans et l’autre drame survenant dans la vie d’un seul homme, le même jour. Je trouvais ce rapprochement intéressant, non qu’ils soient comparables, et cela n’enlève rien à l’horreur du premier, mais je trouvais intéressant ce regard que l’on porte sur les évènements, à plusieurs niveaux, en fonction de sa propre implication dans l’un ou l’autre. Enfin, je suis une lectrice de romans policiers et je voulais tenter l’expérience.

J’ai d’autres sources d’inspiration, mais celles-ci sont plus ou moins conscientes. Je m’attache à raconter des histoires ancrées dans le monde d’aujourd’hui, juste dire le réel, la plupart du temps, mais cela reste toujours de la fiction. Dans mes livres, il n’y a pas de héros, juste des êtres humains.

Une bonne raison de lire votre livre ?

Son originalité, quant à la forme. Un ami a dit de mon livre que c’était un genre à lui tout seul. En effet, c’est un roman policier épistolaire. Le personnage principal est en prison et écrit à sa fille.

Le personnage raconte son histoire, à sa manière, depuis le jour du drame. Il écrit ses lettres sous forme de compte à rebours, depuis la prison, et raconte tous les évènements survenus depuis. Bien sûr, il y a un meurtre, un commissaire, des présumés coupables, donc une intrigue policière, mais je ne vais pas tout dévoiler.

Enfin, ce fut intéressant pour moi d’essayer - je dis bien essayer- de mener à bien toute cette temporalité, raconter aujourd’hui, hier, et avant-hier…

Pourquoi avez-vous choisi l’autoédition ? Avez-vous déjà publié par ailleurs chez un éditeur ?

Quand j’ai terminé mon premier récit, l’idée m’est venue tout naturellement de le publier et pour cela, j’ai cherché un imprimeur pour en faire quelques exemplaires. J’ai bien pensé à un éditeur oui, mais comme je fais plutôt dans le format court, je me suis dit que je n’allais pas perdre mon temps et mon énergie à tenter une entreprise qui était, pour moi, vouée à l’échec dès le départ. A cette époque, pas si lointaine -2010-, je ne connaissais pas du tout l’édition numérique. Et puis, se dire que l’on mène tout, du début à la fin, cela évite les frustrations et les rancœurs. Si une étape est ratée, on ne s’en prend qu’à soi-même. Cela évite les déceptions que l’on peut avoir avec des éditeurs.

J’ai croisé un éditeur par la suite qui a inscrit mon premier récit dans son catalogue, mais cela n’a pas été concluant. J’ai par ailleurs répondu à un appel à textes il y a quelques mois pour une nouvelle érotique. Elle est éditée traditionnellement en numérique.

Parlons de vous : depuis quand écrivez-vous ? Comment vous est venue l’envie d’écrire ?

J’écris depuis cinq ans. La fin d’une vie professionnelle qui approchait, peut-être, envie de découvrir et de m’approprier un monde que je ne connaissais pas, mais aussi une opportunité. J’ai découvert l’univers des ateliers d’écriture et je me suis rendue compte que j’aimais écrire.

Avez-vous des rituels d’écriture ? Comment cherchez-vous l’inspiration pour vos livres ?

Je n’ai pas vraiment de rituels, je dirais plutôt que j’ai des habitudes. Je construis toujours l’histoire dans ma tête avant de me mettre à écrire. Quand je commence à écrire, certains personnages existent déjà et les grandes lignes de l’histoire aussi. Je peux écrire n’importe où et sur papier autant que sur un ordinateur, et dans n’importe quel lieu. Et comme j’écris beaucoup dans ma tête, c’est facile à transporter… La tête d’un auteur en train d’écrire un livre est une grande cocotte qui brasse des tas d’idées et émet tant de pistes possibles pour raconter son histoire… Le choix de telle ou telle se fait, pour moi, au fur et à mesure que l’histoire se précise sur le « papier ». Il arrive aussi que mes personnages prennent des chemins différents de ce qui était prévu…

Pour l’inspiration, j’ai déjà un peu répondu à cette question précédemment. Ce peut être un cadre restreint : le genre, comme pour la nouvelle érotique, ou la forme, comme pour Les ballerines bleues. Tous les auteurs le savent, l’écriture est un travail et chacun a ses méthodes. A partir du moment où on est dans un livre, tout est inspiration : ce que l’on voit, ce que l’on vit, ce que l’on sait, ou croit savoir, etc.

Quels sont vos auteurs favoris, ceux qui vous inspirent ou que vous considérez comme vos modèles ?

Je n’ai pas de modèles, mais il y a des histoires, des « voix » que je préfère à d’autres, que ce soient des auteurs classiques ou contemporains. Je lis beaucoup les contemporains, mais je n’en citerai aucun parce que je vais en oublier et je le regretterai…

Pour faire court, je dirais que j’aime les auteurs qui explorent la nature humaine, qui parle de notre quotidien, de ce que nous sommes, que j’ai horreur des donneurs de leçons, que je ne crois pas aux recettes magiques, j’aime la littérature qui interroge, pas celle qui fournit des solutions toutes faites.

Et j’aime aussi établir une sorte de complicité avec le lecteur. Il m’a été reproché quelquefois de ne pas écrire de « morale » à la fin d’une histoire, ou de ne pas décortiquer certaines scènes dans mes livres. A ceci, je réponds qu’un auteur n’a pas réponse à tout, et que ça n’est pas le but de la littérature -c’est mon avis. Par ailleurs, je fais confiance au lecteur, il ne faut pas tout lui mâcher, il est capable de comprendre. Si un mot dans l’histoire permet de comprendre le dénouement, s’il aime ce que j’écris, il va le trouver, il n’est pas utile d’en faire un chapitre.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui rêve d’écrire un livre mais n’a jamais osé se lancer ?

Que ça n’en n’est pas un. Qu’il ne faut pas hésiter. C’est beaucoup d’énergie, de temps. Que l’on ne rencontre pas toujours ses lecteurs la première fois mais qu’il ne faut pas se décourager, que plus on écrit, plus on acquiert de l’expérience. Que la réalité des auto-édités est faite de solidarité mais aussi de solitude et parfois de mépris. Qu’il ne faut pas avoir la grosse tête mais mener son projet de manière sérieuse. Et aussi qu’il faut s’armer de patience et de courage. Tracer sa route et s’y tenir.

En fait, je suis très mal placée pour donner des conseils aux autres. Je n’ai que ma propre expérience, et je n’ai pas d’enjeu de carrière. Alors, à l’auteur qui souhaite en vivre, je souhaite beaucoup de chance. Une seule chose est certaine, si vous avez envie d’écrire, faites-le.

À propos de la Rentrée des Indés :

Pour la première fois cette année, en écho à la rentrée littéraire orchestrée par les éditeurs, 40 auteurs autoédités se réunissent pour s’offrir une visibilité inédite pendant tout le mois d’octobre et toucher de nouveaux lecteurs.

Épaulés par Iggybook.com (la plateforme des auteurs indépendants), Actualitte.com (le magazine des univers du livre) et Babelio.com (la première communauté de lecteurs francophones), ils lancent LA RENTRÉE DES INDÉS 2015.

Découvrez-les sur le site de la Rentrée des indés


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